• A Lucille...

    ...elle portait à la perfection son prénom de jeune fille fraîche et à l'air ancien; la seule chose que ses yeux avaient parvenu à me dissimuler, c'était sa faim. Une faim intense, intense et intenable qui devait lui tordre le ventre comme moi à chaque instant. Une faim de bonheur, irrépressible. Une faim d'amour. Innassouvie.

    La première fois que je la vis, je me jurai de ne pas l'admirer, et tentai de fermer les yeux au spectacle de son corps qui se jouait deux metres devant moi, dans une salle, sous le regard hargneux et cependant docile d'un professeur. "Ses paupières baissées l'empêchaient de voir que je l'étudiais". Roulant entre ses mains terriblement blanches une mèche bouclée de cheveux couleur noisette, elle riait, prenait des notes, croisait et décroisait ses jambes.

    Le brouillard dans mon crâne et la machination avaient déjà commencé lorsque j'entendis Lucille me parler, et chose inouie, me regarder, m'offrir la vision de ses yeux où je me noyai sitôt. J'appris par une voix charmante qu'elle dansait, puis je la découvrais un peu, et cette admiration béate pour ces idées, ce desespoir, et ce visage sublime se transforma en ce que l'adolescente idéaliste et débile que je suis ose appeller de l'amitié.

    Merci pour toi.


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